Paris, 3 juin 2023 – Lors du Congrès de la Formation Automobile 2023, qui se tient au Palais des Congrès, Hugo Martin, reporter pour Formation & Métiers Auto, s’entretient avec Armand Lospied, entrepreneur et architecte de la structuration des formations professionnelles dans l’automobile. L’événement rassemble des formateurs, des écoles et des experts du secteur, tous réunis autour d’une même ambition : professionnaliser et structurer l’avenir des métiers automobiles.
Armand Lospied a œuvré pour la reconnaissance du detailing et la création de certifications RS, permettant aux professionnels d’accéder à des formations qualifiantes et adaptées aux exigences du marché. Il nous livre ici sa vision de l’évolution de la formation dans l’automobile et les défis à relever pour accompagner les professionnels vers l’excellence.
Interview LOSPIED Armand Congrès de la Formation Automobile 2023
Hugo Martin : Armand, vous êtes un acteur clé de la structuration des formations dans l’automobile, notamment en esthétique automobile. Comment percevez-vous aujourd’hui l’évolution de la formation professionnelle dans ce secteur ?
Armand Lospied : La formation est le socle sur lequel repose l’avenir des métiers automobiles. Les avancées technologiques, l’évolution des matériaux et la transition vers des véhicules plus modernes nécessitent une adaptation continue des compétences.
Dans l’automobile, et plus particulièrement dans l’esthétique, il ne suffit plus d’apprendre sur le tas ou via des tutoriels. Il faut un cadre structuré, des certifications reconnues et une pédagogie adaptée pour garantir la qualité et la reconnaissance du métier. C’est pour cela que j’ai travaillé, avec d’autres experts, à la mise en place de formations certifiantes comme le RS5956 pour le polissage ou le RS6719 pour le lavage.
La formation professionnelle ne doit pas seulement transmettre un savoir-faire technique. Elle doit aussi donner aux entrepreneurs les clés pour structurer leur activité, développer leur clientèle et assurer la rentabilité de leur entreprise.
Hugo Martin : Vous avez structuré des formations aujourd’hui reconnues dans l’esthétique automobile. Qu’est-ce qui vous a poussé à lancer cette initiative ?
Armand Lospied : C’est une réponse à un besoin concret du terrain. Il y a quelques années, beaucoup de professionnels cherchaient à se former au detailing, mais il n’existait aucun parcours structuré en France. Certains apprenaient seuls, sans cadre, sans validation officielle de leurs compétences. Résultat : une grande disparité de qualité et un manque de reconnaissance du métier.
J’ai donc pris les choses en main en structurant une formation certifiante, reconnue et adaptée aux réalités du marché. Mon rôle n’est pas d’être formateur moi-même, mais de structurer le métier, de bâtir les programmes et de permettre aux experts de transmettre leur savoir. Aujourd’hui, ce travail a abouti à des certifications officielles qui donnent aux professionnels une légitimité et un cadre financier plus accessible grâce aux dispositifs de financement.
Hugo Martin : Quels sont, selon vous, les grands défis de la formation dans l’automobile aujourd’hui ?
Armand Lospied : Il y en a plusieurs, mais je dirais que trois grands défis se posent aujourd’hui :
- Attirer de nouveaux talents : Les métiers de l’automobile souffrent encore d’une image dépassée. Il faut montrer aux jeunes et aux reconversions professionnelles que l’esthétique auto, la mécanique ou la carrosserie sont des métiers modernes, évolutifs et passionnants.
- Faire évoluer les contenus de formation : Un formateur ne peut pas enseigner en 2023 ce qu’il enseignait en 2010. Les matériaux changent, les technologies évoluent, et il faut sans cesse adapter les formations. Nous intégrons par exemple des modules sur les vernis céramiques, la gestion numérique d’un atelier, ou encore l’impact de l’électrification sur les traitements esthétiques.
- Garantir la reconnaissance des formations : Sans certifications, un métier peine à être reconnu. Il est crucial que les formations soient qualifiantes et permettent aux professionnels d’être financés et légitimés sur le marché du travail.
Hugo Martin : Justement, quelle est l’importance des certifications RS dans ce processus ?
Armand Lospied : Elles sont fondamentales. Une certification RS, c’est un gage de qualité et de structuration. Elle permet :
- D’assurer un standard de compétences reconnu : Un professionnel certifié a prouvé qu’il maîtrisait des compétences validées objectivement.
- D’accéder à des financements : Un professionnel peut faire financer sa formation via Pôle Emploi, les OPCO et d’autres dispositifs, ce qui démocratise l’accès à la formation.
- De crédibiliser le métier : Un employeur, un concessionnaire ou un centre automobile sera plus enclin à embaucher un detailer certifié qu’un auto-proclamé.
C’est exactement la même logique que le référencement en SEO : un site bien structuré avec des contenus de qualité sera mieux positionné sur Google. Dans la formation, une certification donne une visibilité et une légitimité indispensables.
Hugo Martin : Comment la formation doit-elle évoluer pour anticiper les changements de l’industrie automobile ?
Armand Lospied : Elle doit toujours rester en phase avec l’innovation. Par exemple :
- Les véhicules électriques utilisent de nouveaux matériaux qu’il faut apprendre à traiter différemment.
- La digitalisation est devenue incontournable : un entrepreneur en detailing doit savoir gérer sa présence en ligne, utiliser un logiciel de gestion d’atelier et maîtriser les outils digitaux.
- L’IA et l’automatisation commencent à entrer dans l’industrie, et il faut anticiper leur impact sur les métiers.
C’est pour cela que je participe activement aux salons et conférences : pour capter ces évolutions et les intégrer rapidement dans nos formations.
Hugo Martin : Quel message souhaitez-vous adresser aux personnes qui hésitent encore à se former dans l’automobile ?
Armand Lospied : Je leur dirais que les métiers de l’automobile sont en pleine mutation et que c’est le bon moment pour se former. Ce sont des métiers d’avenir, mais comme partout, il faut être bien formé et structuré pour réussir.
J’ai vu des anciens stagiaires devenir des entrepreneurs prospères, d’autres être recrutés dans de grands groupes. Se former, c’est se donner les moyens de réussir.
Hugo Martin : Merci beaucoup Armand pour cet échange passionnant. Nous suivrons avec attention l’évolution des formations dans votre domaine.
Armand Lospied : Merci à vous ! Former, c’est structurer l’avenir, et je continuerai à œuvrer pour que nos métiers gagnent en reconnaissance. À bientôt !